Dormir seuls dans le Wadi Rum : Partie 2

4h du matin, dans le désert blanc du Wadi Rum en Jordanie, après une nuit fraîche, j’ouvrais les yeux sur la voie lactée. Nous étions encore complètement coupés du monde, il était difficile de mettre des mots ce que l’on peut sentir, cette solitude faisait tout simplement du bien et complétait à merveille les aventures de la veille.

La Voie Lactée

Pour rappel, nous avions décidé d’explorer le désert blanc seuls et sans guide. Cette partie du désert est la moins visitée et située à quelques kilomètres de l’Arabie Saoudite, le but était de revenir seuls à pied au Wadi Rum Village.
Notre premier objectif a été atteint par l’exploration des environs, le deuxième était de trouver un endroit où dormir, nous l’avions trouvé dans un cirque naturel.

Pour ce matin-là, nous nous étions levé tôt pour profiter au maximum de la journée et reprendre le chemin du retour.

Je ne me lassais pas des couleurs de ce lever du soleil, l’atmosphère était magique, nous marchions sous le regard de cet immense étendue de sable et de montagnes. J’avoue qu’un certain moment, j’avais une petite pensée au film « Seul sur Mars » qui a été tourné ici.

Plus l’intensité des rayons du soleil augmentait, plus les falaises se montraient et plus nous nous sentions vivants. La marche se faisait dans le silence pour profiter au maximum du moment.

Sous ce soleil, je me questionnais à propos de la végétation dans le désert, malgré les températures qui varient et le manque d’eau, elle arrive à survivre et à se développer.

En parlant d’eau, je n’avais pas tardé à avoir la réponse à ma question, en quelques dizaines de minutes, l’atmosphère changeait, des nuages arrivaient sur nous et le grondement du tonnerre se faisait entendre. En Jordanie, il peut ne pas pleuvoir pendant longtemps, mais quand il pleut, il pleut vraiment. Les pluies torrentielles peuvent même devenir dangereuses si l’on se trouve sur le chemin d’un ruissellement d’eau entre les vallées, il faut prendre ceci au sérieux. C’est ce qu’il s’est passé quelques jours après notre passage ici, de nombreuses zones ont été fermées dont Petra.

Fort heureusement, nous n’avons pas eu le droit à une pluie diluvienne. Nous nous sommes protégés dans une grotte en attendant que ça passe, c’était l’occasion de se reposer un peu et de profiter de cet autre visage du désert.

Après cette pause, nous repartions et nous atteignions le désert rouge qui porte bien son nom par sa couleur, d’autant plus qu’elle a été intensifiée par la pluie.

Nous avions un cap, mais il était dur de le tenir puisque certaines montagnes faisaient des culs-de-sac qui jouaient avec nos nerfs et notre patience. Nous étions trop confiants et le désert nous a fait tomber de notre piédestal. Malgré notre bon sens de l’orientation, on a eu des doutes, ajouté à la fatigue, nous nous sommes posé beaucoup de questions sur la direction à suivre.
C’était l’aventure. A ce moment là, il faut juste rester humble et cela ne nous a pas empêché de profiter des paysages merveilleux que le Wadi Rum nous offrait.

Accueillis par les troupeaux du désert

Un des moment que j’ai le plus apprécié, c’était lors d’une pause et d’un énième cul-de-sac. Nous avons posé nos sacs par terre et là, un troupeau de chèvres est sorti de nulle part et sont venues vers nous. Elles n’avaient aucune crainte, elles nous ignoraient presque. On faisait partie du désert, le temps était arrêté, on profitait tout simplement de cet instant en silence.
Cette pause nous a fait le plus grand bien et nous a donné l’énergie nécessaire pour reprendre la route, j’ai adoré ce moment, pourtant tout simple.

On y repensant, notre défi a été réussi pleinement, nous avions l’objectif d’explorer le désert blanc inhabité, de revenir au désert rouge et de vivre réellement le désert. Ce qui a été chose faite.
Pour la suite, même si nous ne savions pas où nous étions exactement par rapport au Wadi Rum Village, nous voyions plein de camps installés un peu partout, on pouvait tout simplement demander notre chemin et ce serait chose faite. Il nous restait plus que notre égo à convaincre de demander notre chemin, je crois bien que c’était le plus difficile.

Des falaises infinies

Au fur et à mesure que nous marchions le long de cette falaise, nous avons été interpelé par des enfants qui nous ont montré leur campement, c’était le signe qu’il fallait demander notre chemin à leur famille.
Retour à la civilisation, c’était la première fois que nous rencontrions quelqu’un depuis la veille, c’était une belle coupure et une déconnexion que je recommande à n’importe qui.
Le résultat n’était pas négatif puisque nous étions à vingt minutes en pick-up du village, on n’était pas mal du tout, ce fut un bon résultat pour un trek sans carte et sans boussole dans un environnement complètement inconnu !

Retour aux sources

Le hasard nous avait conduit vers le Jabal Khazali, le premier site qui nous avait le plus marqué à notre arrivée au Wadi Rum avec cet arbre que vous pouvez voir ci-dessus.

Le plus ironique était que nous étions complètement perdus maintenant que nous avions rejoint la civilisation, il y avait beaucoup de monde, nous n’étions pas prêt après une coupure de presque deux jours sans croiser personne.

Après nous être reposés et avoir bu un thé sous une tente d’un bédoin, nous reprenions notre route, pas vers le Wadi Rum Village mais vers le campement où nous avions passé notre première soirée dans le désert pour y passer une nouvelle nuit. Il était trop tard pour aller au village et chercher où dormir.

Sur la route, les nuages étaient de retour et l’atmosphère changeait de nouveau. Une tempête se préparait, il était temps de rentrer. Nous n’étions qu’à quelques dizaines de minutes à pied du campement.

Objectif atteint, nous arrivâmes au camp tant convoité.

Après avoir raconter notre périple aux bédoins du camp, nous souhaitions juste manger et passer la soirée avec eux et les autres voyageurs. La cuisine était super lors de notre dernier passage, on en salivait déjà. Mais, il ne faut pas oublier que nous sommes dans un pays où tout se négocie, nous avons donc négocié le dîner, la tente et le retour en pick-up le lendemain pour un prix correct.

Nous avons passé une excellente soirée en compagnie des bédoins et de Mohammed le cuisinier qui nous ont appris quelques mots en arabe. Nous avons rencontré des voyageurs qui venait du Québec, de Suisse et de France. Le plus marquant était Maël qui venait de la Belgique, il s’est lancé dans un tour du monde en sac à dos, il avait terminé un mois de volontariat dans une ferme en Palestine, il venait d’arriver en Jordanie pour travailler dans le camp en attendant de reprendre son voyage en direction du Soudan.

Cette soirée fut riche en histoire de voyage. On était resté près du feu jusqu’à tard dans la nuit.

Ce désert nous a offert une expérience inoubliable, des paysages à couper le souffle, des rencontres enrichissantes et un trek qui nous a appris l’humilité face à la nature. Tout a été positif.
A présent, la boucle est bouclée dans ce désert.

Je terminerai par cette phrase : Le Wadi Rum, pour le vivre, il faut s’y perdre.

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